18 août 2014

Soumission à l’autorité

Citations extraites du livre The Authoritarians de Bob Altermayer :

« Ils sont très soumis à l’autorité établie, agressifs au nom de cette autorité, et conventionnels au point de vouloir que tout le monde se comporte comme le décident leurs autorités. Ils sont craintifs et bien-pensants, et reportent leur forte hostilité interne sur différents groupes externes.

Ils sont facilement stimulés, facilement menés, peu enclins à penser pour eux-mêmes, généralement imperméables aux faits et à la raison, et ils misent plutôt sur le soutien social pour maintenir leurs croyances.

Ils mettent leur grande loyauté au service de leurs groupes internes, ont des esprits fortement cloisonnés, avec des murs épais; ils jugent par le « deux poids deux mesures », sont étonnamment sans scrupules à certains moments, et souvent hypocrites. Mais quand il s’agit de savoir qui est coupable, ils ont une bonne couche de téflon. Ils sont inconscients d’eux-mêmes, ethnocentriques et partiaux, et ont l’esprit aussi fermé qu’ils sont bornés. »

« Les suiveurs autoritaristes de droite ont cru plus que les autres aux fausses déclarations du président George W. Bush sur les liens importants de Saddam Hussein avec Al-Qaida, et les armes de destruction massive en Irak. Et ils ont soutenu l’invasion de l’Irak, alors que les Américains moins autoritaristes avaient immédiatement douté du bien-fondé de cette guerre. »

« Les suiveurs autoritaristes détestent toutes sortes de gens. J’ai fini par dire qu’avec eux c’est l’égalité des chances de l’intolérance. »

« Les suiveurs autoritaristes semblent penser que le gouvernement, comme « papa et maman », a toujours raison. Ils ne considèrent pas que les lois sont des normes sociales qui s’appliquent à tous. Ils semblent penser au contraire que les autorités sont au-dessus de la loi, et peuvent décider des lois qui les concernent et de celles qui ne les concernent pas. »

« Quelques suiveurs autoritaristes de droite haut placés ont sans doute réalisé que s’ils soutenaient [une loi pour éliminer les suiveurs autoritaristes de droite], ils seraient les premiers visés, et que leur clique devrait finir en prison. Mais ils n’ont pas tous compris cela, car les suiveurs autoritaristes de droite ont soutenu favorablement, et même plus que d’autres, une loi qui les persécuteraient eux-mêmes. Vous pouvez presque entendre les circuits claquer dans leurs cerveaux : « Si le gouvernement affirme que ces personnes sont dangereuses, c’est qu’elles doivent être arrêtées. »

« Il est facile de trouver des autoritaires qui approuvent des idées incohérentes. Il suffit de leur présenter des slogans et de prôner des valeurs rassurantes, puis de leur présenter des slogans et des platitudes invoquant des valeurs opposées. Le suiveur autoritariste, disant oui à tout, sera probablement tout le temps d’accord. »

« Les politiciens véreux choisissent généralement les suiveurs autoritaristes de droite, tant ces derniers ressentent le besoin d’avoir des croyances approuvées par la société. Ils sont enclins à faire confiance à quiconque leur dit qu’ils ont raison. »


Glenn Greenwald a récemment noté que le professeur Robert Altemeyer, le sociologue que John Dean a consulté pour son livre, Conservatives Without Conscience, a écrit un livre pour le grand public qui présente les recherches qu’il mène depuis quarante ans. Non seulement il a écrit ce très bon livre, mais en plus il le diffuse gratuitement sur internet.

Dans son introduction, il explique pourquoi il estimait important de mettre ces informations gratuitement à la disposition d’un vaste public. Comme il l’écrit, la plupart des études sur l’autoritarisme portent sur les suiveurs autoritaristes, mais peu de gens ont étudié d’où les dirigeants autoritaristes tiraient leur pouvoir. Et il pense qu’il est crucial que notre pays comprenne qui sont ces suiveurs autoritaristes, grâce aux données et aux connaissances de leur mode de fonctionnement, pour empêcher leur prise de pouvoir insidieuse dans notre pays.

Le livre publié sur internet comporte 8 sections, une introduction et 7 chapitres :

Qui sont les suiveurs autoritaristes ?

Les racines de l’agression autoritariste, et l’autoritarisme lui-même
Dans la tête des suiveurs autoritaristes
Les suiveurs autoritaristes et le fondamentalisme religieux
Les dirigeants autoritaristes
L’autoritarisme et la politique

Que pouvons-nous faire ?

Voici le lien vers le livre « Les Autoritaristes » (2006), sur le site de Bob Altemeyer. La pagewikipédia mentionne également ses autres livres :
Right-Wing Authoritarianism (1981)
Enemies of Freedom: Understanding Right-Wing Authoritarianism (1988)
The Authoritarian Specter (1997)
Amazing Conversions: Why Some Turn to Faith and Others Abandon Religion (1997, avec Bruce Hunsberger)
Atheists: A Groundbreaking Study of America’s Nonbelievers (2006, avec Bruce Hunsberger)
The Authoritarians (2006)
Sex and Youth: A Twenty-Four Year Investigation (2009, voir un extrait)


Dans la tête du parti de l’ordre
(Source : libertesinternet via beez)

Si vous voulez comprendre ce qui se passe dans les têtes d’Alliot-Marie, de Sarkozy ou de Royal… ou encore démonter les filets tendus par Alain Bauer, Xavier Raufer et ses disciples néo-cons…

[Robert Altemeyer est professeur de psychologie à l'Université du Manitoba, spécialisé en recherche sur l'autoritarisme - Trad. Gregor Seither]

Ouvrage complet téléchargeable au format PDF – avec un codicile sur les élections US de 2008.

OK, de quoi parle ce livre ? Il parle de ce qui est arrivé au gouvernement des États-Unis ces dernières années. Il parle des décisions désastreuses prises par ce gouvernement. Il parle de la corruption qui s’est emparée du Congrès. Il vous explique comment les valeurs traditionnelles du camp conservateur ont été pratiquement éradiquées par l’autoritarisme. Il vous montre comment la “Droite religieuse” a noué des alliances avec des leaders autoritaristes et amoraux pour imposer leurs projet anti-démocratiques à notre pays.

Vous êtes peut-être entrain de vous dire “Encore un de ces beaux-parleurs gauchistes qui nous vend sa propagande.” Ou peut-être que vous vous dites, “Et alors ? Cela fait des années qu’on sait cela.” Pourquoi un conservateur, un modéré ou un libéral devrait-il se donner la peine de lire ce livre ? Pourquoi un sympathisant du Parti Républicain, Démocrate ou autre Indépendant devrait-il cliquer sur le lien “Introduction” sur cette page ?

Si vous cliquez ce lien, si vous lisez ce livre, vous embarquerez dans un voyage d’études à travers un certain nombre d’études scientifiques sur la question, des travaux de recherche que j’ai mené sur les personnalités autoritaristes. Ces études ont un lien direct avec tous les points mentionnés dans le premier paragraphe. En conséquence, si vous avez commencé la lecture de cet article en vous disant “Quel ramassis de conneries”, je vous invite à aller jeter un coup d’oeil aux données scientifiques collectées.

Prenez par exemple la déclaration suivante : « A partir du moment ou le Gouvernement et les autorités ont condamné les éléments dangereux au sein de notre société, le devoir moral de tout citoyen est d’aider à éradiquer la pourriture qui corrompt notre société de l’intérieur. » On dirait un truc tout droit sorti des discours d’Hitler, non ? A votre avis, combien d’hommes politiques contemporains aux États-Unis ont déclaré être en accord avec cette phrase ? Combien de législateurs, de gauche comme de droite, l’ont reprise dans leur discours ? Et vous voulez savoir ce qu’ils ont en commun ?

Et que penseriez vous d’un gouvernement qui mettrait en place un programme de persécution de partis politiques d’opposition, de minorités ou de journalistes dissidents en les jetant en prison, en les torturant et assassinant même. Personne ne pourrait être d’accord avec cela, non ? Et bien détrompez vous, ils sont nombreux, parmi les leaders de notre pays, à approuver un tel programme.

Et surtout n’allez pas croire que ceci ne vous concerne pas, personnellement. Posez vous cette question : si un pouvoir autoritaire et mauvais décidait de vous tuer, juste comme ça, même si vous n’avez rien fait de mal; combien de temps lui faudrait il avant de trouver un candidat qui accepterait de vous tirer dessus, sans savoir pourquoi, juste parce que l’autorité lui a dit de le faire ? Quel type de personne est le plus susceptible d’obéir à un tel ordre ? Quel type de représentant de l’autorité est le plus susceptible de donner un tel ordre, si cela va dans le sens de ses intentions ? Regardez les résultats des expériences qui ont été menées sur la soumission à l’autorité (…)

Les recherches qui ont été menées permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête du « Parti de l’Ordre. » Les études montrent à quel point ils sont agressifs, mais pourquoi sont ils si hostiles ? Les expériences montrent que la plupart d’entre eux est imperméable au raisonnement factuel ou à l’énoncé de faits n’entrant pas dans leur vision du monde, mais pourquoi sont ils si dogmatiques ?. Oui, toutes les enquêtes menées montrent que la Droite religieuse est peuplée de personnages opportunistes et hypocrites, à tous les niveaux, mais comme expliquer cela ? Et comment expliquer la capacité de cette frange de la population à ne pas voir l’hypocrisie de ses leaders ? Les ténors peuvent raconter ce qu’ils veulent, avancer n’importe quelle excuse faiblarde quand ils se font attraper, voire mentir carrément pour cacher leurs méfaits… et malgré cela la foule les suit. Pourquoi ? Et que se passe-t-il quand les “suiveurs” (note libreinfo : regardez l’expérience de Hasch sur le conformisme, c’est impressionnant !!!) de l’autoritarisme rencontrent les leaders autoritaires et qu’ils se mettent en branle ?

Je pense que vous trouverez que ce livre « permet de mieux comprendre beaucoup de choses. » A travers des données et une méthode d’analyse scientifiques, il permet d’interconnecter et rendre cohérentes beaucoup d’impressions éparses sur les ennemis de la liberté et de l’égalité.

Vous ne me croyez pas ? Cliquez sur le lien, le livre est gratuit.


Autoritarisme et psychopathie
(Source : DelanyDean via SOTT)

J’ai récemment redécouvert le blog Orcinus qui comporte une série d’articles de Sara Robinson sur l’autoritarisme. Elle entame la série (cliquez ici) avec un résumé et une critique du livre de John Dean, Conservatives Without Conscience [Conservateurs sans Conscience - NdT]. J’ai été très intrigué par cette redécouverte pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je ne savais pas que John Dean (que le Watergate a rendu (tristement) célèbre et qui ne fait pas partie de ma famille, pour ce que j’en sais) avait écrit sur l’autoritarisme ; deuxièmement je n’ai rien lu parmi la littérature universitaire qui concerne l’autoritarisme (voir Dr. Robert Altemeyer)depuis des années, probablement pas depuis l’école primaire ; et troisièmement, je suis à nouveau frappé par le chevauchement significatif qui existe entre le concept d’autoritarisme et le concept de psychopathie (qui est un domaine qui m’intéresse beaucoup, cliquez ici).

Cela m’a aussi rappelé le phénomène maintenant connu sous le terme de harcèlement moral au travail, et particulièrement le cas où des personnes font régulièrement l’objet de mauvais traitements de la part d’un supérieur (cliquez ici pour lire certains de mes précédents écrits sur le sujet). Je considérais habituellement cette situation sous l’éclairage de la littérature professionnelle sur la psychopathie et le narcissisme, mais il est clair que la littérature de la psychologie sociale sur l’autoritarisme s’applique aussi très bien. Voici des extraits de la première partie de la série de Sara Robinson :

Les autoritaristes se déclinent en deux versions : les meneurs et les suiveurs. Ces deux versants sont conduits par des motivations très différentes et comprendre ces différences est la première clé pour comprendre comment fonctionne la structure sociale autoritariste.

Les meneurs ne forment qu’une petite fraction du groupe. Les spécialistes en sciences sociales définissent ce groupe par une forte orientation de dominance sociale (SDO)… « Ce sont des personnes qui saisissent chaque occasion pour diriger et qui apprécient d’avoir du pouvoir sur les autres », écrit Dean – et elles n’ont absolument aucun scrupule à dépersonnaliser les gens et à briser les règles pour assouvir leurs propres ambitions. Les personnalités à forte SDO tendent à apparaître très tôt dans la vie (ce qui suggère au moins une certaine prédisposition génétique) : vous en avez probablement dans vos propres souvenirs d’enfance et en avez connu presque certainement quelques-unes qui ont fait de votre vie d’adulte un véritable enfer.

Les gens à forte SDO se caractérisent par quatre traits fondamentaux : ils sontdominateurs, opposés à l’égalité, attachés à étendre leur propre pouvoir personnel et amoraux. Ceux-ci sont généralement accompagnés par d’autres traits répugnants… Les gens à forte SDO sont attirés par le pouvoir et le rechercheront impitoyablement et inlassablement, sans se soucier des conséquences pour les autres… [Dans l'Amérique moderne], nous célébrons nos dominants sociaux les plus puissants, leur payons des salaires obscènes, les transformons en stars médiatiques et leur donnons les clés de l’empire presque avec reconnaissance. Ils ont le champ libre pour poursuivre leurs ambitions sans contrôle, sans freins culturels à leur rapacité. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour s’en sortir, et non seulement nous les laisserons faire mais souvent nous les applaudissons…

Tandis que les meneurs à forte SDO sont décrits par Dean comme dominateurs, opposés à l’égalité, désireux de pouvoir personnel et amoraux, les suiveurs autoritaristes de droite ont un ensemble de motivations différent mais très complémentaire. Les trois traits fondamentaux qui les définissent sont :

1. La soumission à l’autorité. « Ces personnes acceptent presque sans remettre en question les déclarations et les actions des autorités établies et se conforment aux instructions sans plus de cérémonie » écrit Dean. « [Elles] ne tolèrent pas la critique de leurs autorités parce qu’elles croient que l’autorité est infailliblement correcte. Plutôt que de se sentir vulnérables en présence d’autorités puissantes, elles se sentent plus en sécurité. Par exemple, que le gouvernement surveille les citoyens ne les dérange pas car elles pensent que seuls les coupables ont à s’inquiéter de telles intrusions… »

2. Le soutien agressif de l’autorité. Les suiveurs de droite n’hésitent pas à infliger des torts physiques, psychologiques, financiers, sociaux ou d’autres formes à ceux qu’ils considèrent comme une menace pour la légitimité de leur système de croyance et de leur figure d’autorité élue. Cela inclut quiconque qu’ils considèrent comme trop différent de leur norme (comme les gays ou les minorités raciales). C’est aussi ce qui motive leur attitude extrêmement répressive en ce qui concerne la discipline et la justice…

3. Le conformisme. Les suiveurs autoritaires de droite préfèrent voir le monde tout noir ou tout blanc. Ils se conforment étroitement aux règles définies pour eux par les autorités, et ne s’éloignent guère de leurs propres communautés. Cette conformité extrême et aveugle les rend bornés, craintifs, hostiles aux nouvelles informations, sans discernement à l’égard de la croyance populaire et capables d’accepter de grandes contradictions sans en percevoir l’hypocrisie inhérente… La conformité nourrit aussi leur sentiment d’être eux-mêmes plus moraux et justes que les autres…

Quiconque observe notre culture contemporaine et les diverses parties de cette culture, peut voir ces caractéristiques et cette dynamique battre son plein. Elles sont facilement visibles dans le gouvernement et les environnements des grandes entreprises, mais on peut aussi les voir à l’œuvre dans de plus petits systèmes (plus proches de soi pour la plupart d’entre nous) : dans notre environnement professionnel, dans les communautés religieuses, assurément dans l’armée et, bien sûr, au sein des familles. Et j’affirmerais que, bien que cet ensemble de dynamiques puisse être sur-représenté chez les groupes et les individus politiquement conservateurs (de droite), cela n’est pas leur propriété unique ; j’ai personnellement observé avec étonnement des types autoritaristes se définir comme libéraux politiquement et ils sont parfaitement capables de rassembler des suiveurs qui peuvent tout aussi bien se considérer comme politiquement à gauche. Mais cette description de la personnalité, de la dynamique comportementale et cognitive des meneurs autoritaristes et de leurs suiveurs, est en plein dans le mille, quelles que soient les tendances politiques.

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